L’hôtel Windsor, dans son écrin de verdure au cœur de la cité, était le lieu idéal pour clore un cycle de travail de 4 ans pendant lequel Emma Picard a, entre autres, mis en exergue le potentiel poétique, léger, presque virtuel, mais grave de cette matière rare que sont les feuilles-nervures. 2014 : Début des commémorations de 1914-1918, et la guerre fait rage en Syrie. Emma Picard commence à se réapproprier un des aspects de « l’art des poilus », consistant à évider les feuilles jusqu’aux nervures, et éventuellement à percer des messages intimes dedans. Avec des réfugiées syriennes à Paris, grâce au langage universel de la couture, elles recréent des architectures détruites de la ville d’Alep en une dentelle de feuilles-nervures. 2018 : ultime année de commémoration de la 1ère guerre mondiale ; dernière année de la 3ème guerre mondiale en Syrie ? La dentelle de feuilles-nervures est percée d’écritures, de prénoms syriens écrit en lettres latines ou en arabe. A visiter la fleur au fusil, mais avec légèreté.
L’œuvre d’Emma Picard, divers dans les media utilisés, donne à voir une orientation vers la «sculpture sociale», qui mêle une esthétique wabi sabi de l’éphémère et du fragile, à un esprit partageur hérité de Fluxus. Elle a créé un nouveau matériau – une dentelle de feuilles-nervures naturelles- pour associer à ses sculptures le langage universel de la couture, d’abord avec des artisanes marocaines pour « Puisque tout passe », puis avec des réfugiées syriennes à Paris pour «Alep était florissante». La même recherche d’expérience partagée de l’art-se-faisant anime la série de portraits Mandalas 3D, littérale plongée du sujet dans un bain de pigments, associée avec un voyage partagé à la source de provenance de ces terres colorées (Kassel, Venise, Chypre…).
En 2018 commence aussi un nouveau cycle de sculpture-partagée avec des abeilles, Emma devient l’artiste ayant le plus d’assistant.e.s au monde (40000), et leur travail commun sera présenté en seconde stance, début juin.