Histoire du WindsoR

L’hôtel Windsor est situé à quelques pas de la Promenade des Anglais et de la zone piétonne. C’est un hôtel familial chargé d’histoire qui a évolué au fil des générations. Il a subi plusieurs transformations afin d’obtenir une troisième étoile au milieu du siècle dernier et la quatrième étoile en 2012.  

Au cours du temps, le jardin du Windsor est devenu une oasis tropicale inattendue au cœur de la ville où se niche une petite piscine et de multiples essences :  un caoutchouc géant et des bambous noirs, des palmiers et des arbres fruitiers.

Le Windsor propose l’ensemble des prestations disponibles dans un hôtel : un bar, un restaurant, un spa, une piscine… des prestations soignées avec des produits de qualité.

L’art est la signature de l’hôtel qui abrite une collection unique de 33 chambres œuvres ainsi que des installations dans les parties communes. Le Windsor organise chaque année des événements artistiques, expositions ou installations éphémères. Depuis 2015, un festival d’art vidéo OVNi, Objectif Video Nice, à l’échelle de la ville, s’y prépare en coulisse et depuis 2017, c’est un salon d’art contemporain Camera camera, dans les chambres de l’hôtel qui s’y tient fin Novembre.  

A l’occasion d’OVNi, Christian Bernard, directeur du MAMCO qui parrainait l’événement, écrivait :

Le Windsor est une oasis cachée parmi les mirages de Nice. Les migrateurs viennent s’y reposer des agitations éoliennes. Cette oisellerie secrète a été imaginée par Bernard Redolfi. Certains de ses hôtes n’y font que passer, d’autres y refont Lascaux. Tintin traîne dans les couloirs à l’affût d’un tuyau sur le prochain invité. Raymond Hains y tenait salon. Les futuristes y donnèrent un banquet. Rien d’étonnant à ce que cette maison des singularités réinvente avec Odile Redolfi les lois de l’hospitalité artistique. Les écrans des chambres du désormais mythique Hôtel Windsor n’attendaient plus que les images tremblées qui vont les hanter.

Christian Bernard, Toulouse, 16 septembre 2015

Histoire :

L’Hôtel WindsoR fût bâti en 1896 par B. Pachiaudi, un architecte de l’école d’Eiffel. Sa façade en pierre de taille et la structure en fer du toit sont caractéristiques de ce mouvement d’architecture de la fin du XIXème siècle. Immeuble bourgeois à l’origine, il fut transformé en hôtel dès le début du XXème siècle.  Entre 1926 et 1936, il fut dirigé par Maurice Journeau, un compositeur de talent qui travaillait avec l’excellent violoniste de l’époque Gil Graven. 

Lorsque Marguerite et Vincent Redolfi-Strizzot devinrent propriétaire en 1942, le Windsor était un hôtel pension 2 étoiles traditionnel, très prisé par la clientèle anglaise qui effectuait à l’époque de longs séjours sous le soleil de la Côte d’Azur en hiver. Les clients y habitaient parfois de longs mois pour profiter de la douceur du climat, c’était une clientèle principalement russe et anglo saxone. Avec Jean-Claude Redolfi, une première transformation permit d’obtenir une 3ème étoile.

A partir de1975, Bernard Redolfi, inspiré par ses nombreux voyages en Asie et en Amérique Latine, voulut créer une atmosphère différente, s’éloignant du style classique des hôtels d’alors. Il installe un trône et un temple chinois dans le hall qui donnent à l’hôtel une touche exotique, et aménage le jardin autour d’une petite piscine, avec des essences tropicales qui confèrent au lieu une magie venue d’ailleurs. Antoine Baudoin réalisera des fresques murales invitant aux rêves et aux voyages. Ainsi, une trentaine de chambres furent rénovées dans cet esprit dans les années 80. 

En 1987, Bernard Redolfi participe à un voyage à Gand organisé par Christian Bernard, directeur de la Villa Arson. C’est au décès d’Antoine Baudoin et à la suite de ce voyage que le concept des « chambres d’artistes » à l’hôtel Windsor commença à émerger. En 1989, Bernard décidait de confier une première chambre à Joël Ducoroy, espérant que d’autres hôteliers poursuivraient le parcours dans la ville. Mais, aucun hôtel ne suivra l’expérience et Bernard poursuivit ainsi la rénovation de l’hôtel en constituant une collection de chambres unique au monde (Ben, Glen Baxter, Claudio Parmiggianni, Robert Barry…). Ce travail fut réalisé en étroite collaboration avec Martine De la Châtre, amie d’enfance et galeriste réputée à Nice puis dans le Marais.

Depuis 2004, sa nièce Odile Redolfi-Payen dirige à son tour l’Hôtel WindsoR dans le même esprit et assure la continuité de la collection avec engagement. Les salles de bains ont été refaites, le plus souvent en concertation avec les artistes des chambres… Une nouvelle chambre est réalisée chaque année (Olivier Notellet, Aicha Hamu, Choi Jeong Hwa, Mathieu Mercier, Cécile Bart, Jean Dupuy, Nicolas Rubinstein…). Chaque exposition temporaire laisse des traces de son passage çà et là et complète ainsi la collection permanente. Odile cultive le goût de ces traces d’histoire et les rénovations transforment le lieu en douceur, en superposant les strates, en laissant toujours un pan ou des bribes d’une décoration précédente. Cette démarche confère à l’hôtel un caractère hétéroclite étudié qui se veut chaleureux et éloigné des standards de l’hôtellerie actuelle.

Côté restaurant, le Windsor aime l’authenticité en privilégiant les plats traditionnels nissarts, sans dogmatisme.  Les saveurs s’enrichissent parfois de parfums exotiques. Mais la cuisine s’élabore d’abord autour de produits frais et locaux. Le menu de spécialités niçoises peut se croiser avec le menu végétarien sans gluten. Le restaurant a ainsi été labellisé Maitre Restaurateur. Cette cuisine autour de produits frais et le plus souvent locaux participe à une gestion respectueuse de l’environnement, conformément aux exigences de la Clef verte obtenue en 2015.

Le Spa s’est développé en 2010 avec une gamme de soins naturels et exotiques avec des praticiens fidèles qui prodiguent des massages aux bolus de lavande ou aux pierres chaudes, un gommage balinais après un hammam parfumé à l’eucalyptus ou un soin du visage Phytomer à la rose.

Ainsi, Odile Redolfi met l’authenticité au cœur de sa démarche que ce soit dans la qualité des services et des soins prodigués aux clients, dans l’attention qu’elle porte au confort de l’établissement, dans le respect d’une gestion Eco responsable, dans son engagement à la conservation des œuvres et du bâtiment et l’ambition collective qu’elle porte au développement de l’art contemporain dans la ville.

Le Windsor et l’art contemporain

Les chambres d’artistes :

En 1987, Bernard Redolfi découvre donc l’exposition « Chambres d’amis » de Jan Hoet, une exposition itinérante dans la ville de Gand à la découverte de chambres investies par des artistes et ouvertes au public par leur propriétaire. Celles-ci avaient été investies temporairement par des artistes contemporains. La chambre de Buren réalisée à l’époque est à découvrir aujourd’hui au SMAK à Gand.  Joël Ducorroy réalisera donc la première chambre au WindsoR en 1989 et Bernard Redolfi continuera avec Claude Rutault, établissant ainsi le lien avec l’exposition belge. Ensuite, chaque année, il confia la réalisation de nouvelles chambres à des artistes français ou étrangers ayant une belle muséographie pour la plupart. Chacune est le fruit d’une rencontre et même parfois d’une profonde amitié. Raymond Hains passa 3 ans à l’hôtel Windsor et laissa un ready-made: une photographie de son reflet dans le miroir de sa chambre, une chambre très « habitée ». 

Odile Redolfi poursuit toujours cette démarche de rénovation continue avec enthousiasme et exigence. Odile privilégie les plasticiens travaillant en 3 dimensions, se soucie de la pérennité des pièces et encourage la continuité du travail de l’artiste dans les salles de bains. La chambre de Ben a dû être revue entièrement pour se prémunir du temps qui passe et de la détérioration inéluctable des murs. Elle veille à la présence de travaux plus féminins pour améliorer la parité avec le temps et a ainsi réalisé des chambres avec Samta Benyahia, Aicha Hamu et Cécile Bart. Elle aime bien aussi aller chercher des artistes un peu plus loin ce qui permet de tisser des liens au-delà de nos frontières comme avec la Corée en invitant l’artiste Choi Jeong hwa à investir une chambre.

La videothèque :

Depuis le début des années 2010, Odile constitue avec Pauline Payen une vidéothèque d’interviews d’artistes ayant fait une installation à l’hôtel, une quinzaine à ce jour, dont une avec Gottfried Honegger, François Morellet et Guy Rottier qui avait lui participé à une exposition. Ils nous ont quittés depuis, des témoignages qui prennent plus d’importance encore.

Les expositions :

Dès son arrivée, Odile a souhaité développer les expositions temporaires pour offrir à la clientèle un environnement toujours renouvelé et aider à la diffusion de jeunes artistes.

Ainsi, après avoir lancé l’expérience avec la galeriste Sandrine Mons, Odile a souhaité confier ses espaces à des artistes pour des installations In Situ. Ainsi, ont exposé: Cédric Teisseire, Kristof Everart, Aicha Hamu, Elodie Lecat (avec Guy Rottier), Mauro Benetti, Cynthia Lemesle et JP Roubaud, le collectif KKF, Nicolas Rubinstein, … Ces artistes, le plus souvent locaux, se succèdent et investissent tour à tour le lieu en le transformant pour quelques mois.

Parfois, des ténors souhaitent aussi se prêter au jeu : Ben a exposé une soixantaine de pièces pour l’exposition « l’art contemporain et la Cote d’Azur » , Noël Dolla a investi le hall en 2016 avec ses tarlatanes…

En 2017, Julien Griffaut invite 19 artistes à participer à une exposition collective pour la première fois au Windsor:  « Show me the way » en référence à la célèbre chanson Alabama song de Kurt Weill et Bertolt Brecht, reprise avec succès par The DOORS explore la relation qui existe entre l’hôtel et la musique, que cela soit à travers la chambre d’hôtel, le motel ou encore le bar. 

Membre du réseau Botoxs, le Windsor a aussi participé à plusieurs manifestations collectives (Le Salon de l’auto (2010), l’Art contemporain et la côte d’azur (2011), Slowmo (2012), Démarche, des marches (2018)…

A chaque exposition, le Windsor garde une trace du passage de l’artiste pour compléter les installations In situ ou constituer peu à peu une collection. On trouvera ainsi les lignes noires  de Kristoff Everart dans le hall, la luna de Mauro Benetti qui se contemple dans la piscine, la « fuite d’eau » de KKF qui s’échappe de l’aquarium, quelques toiles de Ben qui habitent le restaurant, l’éléphant rose et ses 5 corbeaux dans le bar de Nicolas Rubinstein, le magicien de Pierrick Sorin dans le lobby et son autodafé dans la cheminée…

Le festival OVNi :

Soucieuse de préserver la position unique de l’hôtel Windsor dans le monde de l’art contemporain, Odile Redolfi cherchait à concevoir un événement inédit à l’hôtel. Présidente de Botoxs en 2015, le réseau d’art contemporain de la côte d’azur, elle a souhaité aussi concevoir un projet collaboratif à Nice qui rassemble ses acteurs.

Ainsi naquit le festival OVNi, Objectif Vidéo Nice, parrainé en 2015 par Christian Bernard, Directeur du Mamco Genève avec la collaboration de Pauline Payen. 24 programmations d’art vidéo proposées par des musées et associations ont été présentées dans les chambres du Windsor sur moniteur de télévision, sur grand écran, au sol ou au plafond, selon une scénographie de Pauline Payen. Un concept inédit, un médium original… Un événement plébiscité par le public qui s’est étendu dans la ville dès la première année. Plus d’une centaine de vidéos sont proposées dans ce cadre. Le festival s’accompagne aussi de rencontres entre professionnels, de conférences et stages…  OVNi invite ainsi des structures programmatrices du monde entier à proposer une programmation dans un lieu, chambre d’hôtel ou musée…  

Ainsi, Odile espère inscrire le Windsor dans le territoire, maintenir le lieu dans une démarche à la pointe de l’art contemporain, soutenir la jeune création, tout en donnant aussi la parole aux anciens…

Liste des chambres d’artistes

4          Basserode                               52        Charlemagne Palestine                    

10        Olivier Nottellet                       54        Henri Olivier

11        Samta Benyahia                     55         Jean Dupuy

17        Jean Pierre Bertrand               58        Mathieu Mercier

20        Philippe Perrin                         59        François Morellet

22        Claude Viallat                         60        Gotscho

23        Glen Baxter                             62        Olivier Mosset

25        Peter Fend                              63        Présence Panchounette

31        Aicha Hamu                           65        Ben

32        Jeong-Hwa Choi                    74        Noël Dolla

35        Nicolas Rubinstein                   77        Cécile Bart

37        Laurence Wiener                    78        Gottfried Honegger

38        Félice Varini                            79        Joël Jean Le Gac

40        Raymond Hains                      82        Claude Rutault

42        Robert Barry                            83        Ducorroy

43        Jean Mas                                57         Claudio Parmiggiani             

45        Lilly Van Der Stocker                

Dans le jardin,

Dans le bar : « Bar Barrit » et « Aut’of Africa » de Nicolas Rubinstein

Articles :

Lorsqu’un hôtel rime avec galerie d’art, la chambre devient un lieu expérimental où l’on ne vient pas seulement pour dormir…

Á travers une démarche conceptuelle, esthétique et plastique, l’Hôtel Windsor Nice vous propose d’aller de surprise en découverte et d’exalter ainsi vos sens.

En effet, les musées n’ont plus le monopole des œuvres d’art et leurs auteurs sont libres de s’exprimer en des lieux où la réalité du quotidien a davantage de chance de délivrer leur message. Sans prétention aucune, dans la sincérité du don et une volonté de partage, les artistes se plaisent à penser que l’esprit fusionne avec l’art, y compris durant votre sommeil ! De grands noms de l’Art contemporain, dont Ben, Raymond Hains, Jean Le Gac, François Morellet et Claude Viallat, ont façonné ici, pour vous, différents univers.

La poésie est aussi du voyage… Dans le jardin tropical de l’hôtel, bougainvilliers, bambous et arbres fruitiers se laissent envoûter par l’installation musicale de Michel Redolfi. La piscine chauffée se charge d’ajouter une ultime touche de bleu !

Une adresse intelligemment belle…

Sarah Sergent 1er mars 2017

L’hôtel Windsor, tout entier une œuvre in situ. Une oeuvre du temps, de la mémoire, de l’inspiration, une œuvre en devenir permanent aux dimensions artistiques autant qu’humaines. 1989, première rencontre: Bernard Redolfi, le propriétaire d’alors, confie la chambre 83 au plasticien Joël Ducoroy. Une pièce et sa salle de bain comme une page blanche, une invitation à un dialogue entre art et art de vivre.

Ensuite, il suffit d’une fois pour créer une habitude, pour commencer une collection. Chaque année depuis, des artistes français ou étrangers ouvrent une nouvelle porte, transformant peu à peu le lieu, ce bâtiment du XIXe siècle de l’école d’Eiffel en un musée incroyablement vivant, où l’expérience du voyage se mêle inextricablement au cheminement de l’émotion. D’une chambre à la suivante,  Ben, Glen Baxter, Raymond Hains, Philippe Perrin… se sont chacun sentis comme chez eux, comme en eux, artistes de passage et tout à la fois artistes en résidence, qui ont repoussé les murs et remodelé le monde. A leur suite, le visiteur devient acteur bien plus que spectateur à qui l’on donne à vivre plus encore qu’à regarder. La chambre est tout sauf neutre. Elle raconte un passé, une présence, parfois un questionnement.

Depuis 2004, Odile Redolfi-Payen, la nièce de Bernard a repris l’Hôtel, et cette manière de flambeau, multipliant plus que jamais les performances pérennes ou temporaires, investissant aussi et du coup les parties communes. Les expositions y créent la surprise, et laissent des traces. A la manière d’un livre d’or, chaque artiste invité –Marcel Bataillard, Nicko Rubinstein, Aicha Hamu, Cedric Teisseire, Kristoff Everart, Pierrick Sorin, …- y « abandonne » une oeuvre sur laquelle peut-être, le suivant fondera la sienne. Aussi découvre t’on çà et là, dans le bar, un couloir, l’ascenseur, sur la devanture, une pièce à la troublante identité: légitime comme un inséparable meuble de famille, palpitante comme un étranger débarqué à l’improviste.

Et puis il y a le jardin, moment à part d’une nature qui fait merveilleusement les choses, l’ombre, la lumière, les oiseaux, le gracieux labyrinthe de plantes et fleurs tropicales. La nuit, la Luna, l’installation de Mauro Benetti se reflète dans la piscine. Le jour, le graffiti de JonOne brouille la géographie.

On dit des plus beaux lieux qu’ils ont une âme. Le Windsor en a plusieurs qui se croisent se superposent se rencontrent et dont le point commun, le point de mire, plutôt, est peut-être une certaine idée du bien vivre, au-delà du confort offrir à chacun, le plaisir de s’inscrire dans une histoire. Et de dialoguer avec l’Autre.

Festival OVNI : De l’art de vivre à l’art du temps

A l’instar des artistes dans ses chambres, Odile Redolfi-Payen tient elle aussi à repousser les murs de l’hôtel Windsor, ce à quoi elle œuvre depuis trois ans, en étroite collaboration avec acteurs locaux et internationaux : OVNI, son festival annuel, projet « d’hospitalité artistique » autant que promenade au fil de la ville de Nice ouvre inlassablement d’inédites perspectives. Des œuvres d’art contemporain, vidéos en particulier, s’y installent en effet chaque année une dizaine de jours, le réel soudain transcendé par de nouveaux univers.  Lieux de cultures, espaces de design, institutions ou adresses privées invitent ainsi à la découverte résolument démocratique d’un imaginaire sans frontière ni limite, d’une émotion tout à la fois collective et individuelle, d’une expérience forcément unique, celle de l’artiste.

Sortir de l’hôtel Windsor, donc, et puis y revenir, non plus pour dormir mais plutôt pour s’éveiller, et quel malicieux retournement de situation: Car c’est encore là que toujours se clôt le festival avec le salon Camera Caméra, promenade au fil des chambres cette fois, dans lesquelles deux jours durant, des galeries prennent leur aise,  pièces intimes et privilégiées où exposer des pièces rares et poignantes.

Sonia Rachline, Novembre 2018